" Arrête ! t'es pas beau quand tu pleures ! "

Mais arrête d'avoir peur ça sert à rien !
Et bien si justement...

Dans un cadre professionnel, j'ai été amenée à me documenter sur le thème des émotions. Une collègue m'a sollicitée pour co-animer un groupe en maison d'arrêt sur le sujet.
Cette expérience fait écho à mon éducation émotionnelle (j'aurais pu m'en sortir plus mal) mais aussi à mon apprentissage de parent en construction.
Ça faisait donc un moment que je n'avais pas écrit mais je ne pouvais pas ne pas partager ce sujet avec vous.

Pour commencer, je crois que c'est important de dire qu'il n'existe pas d'émotions positives ou négatives.
L'émotion est assez primaire, animale, elle existe pour nous faire réagir à une situation, elle se traduit par des modifications physiques qui aident à l'action.
La colère ou la peur que l'on pourrait penser "négatives" sont juste là pour nous sortir du pétrin ou pour nous éviter d'y aller. Donc si on résume, toutes les émotions ont une utilité et sont donc plutôt positives finalement. Les émotions à l'origine pour assurer notre survie, assurent notre protection.
Nous devrions d'ailleurs nous fier davantage à notre ressenti émotionnel dans la prise de décision puisqu'il s'agit d'un indicateur fiable.
L'être humain dès son plus jeune âge sait reconnaître les émotions primaires (peur, colère, joie, tristesse) chez son interlocuteur par des signes physiques universels situés principalement au niveau du visage.
Nous sommes souvent d'ailleurs plus doués pour reconnaître et réagir aux signes extérieurs des émotions des autres qu'à nos propres émotions.


L'apprentissage émotionnel et la prise en compte des émotions comme des capteurs naturels à ne pas ignorer se pose donc dès le plus jeune âge. Il est d'ailleurs prouvé que de mettre des mots sur une émotion ressentie permet de passer plus rapidement à autre chose, et de ne pas s'installer dans un sentiment, qui lui, peut être négatif et s’installer dans la durée. Le fait de dire par exemple "je suis en colère" fait déjà diminuer ce niveau de colère.
Je vous partage ci-dessous une super vidéo qui résume de manière sympathique l'essentiel sur les émotions :

Le titre de mon article est un peu provocateur mais je crois que malheureusement il parle à de nombreuses générations de vieux enfants.
Suite à la lecture du livre de Christel Petitcollin, Emotions, mode d'emploi ; j'ai été particulièrement intéressée par le chapitre qui se nomme "L'apprentissage de la maladresse". Ce passage est illustré par l’expérience d'une petite fille de 2 ans et demi qui joue dans un bac à sable, l'auteure nous place au niveau de cette petite fille et nous fait ressentir ses émotions. De cette expérience, la petite fille retiendra qu'il est plus efficace d'utiliser une tristesse feinte pour masquer sa colère afin de manipuler son entourage bien plus empathique à la tristesse qu'à la colère. Christel Petitcollin nous démontre comment nous, parents, nous influençons les réactions émotionnelles des enfants et ainsi comment certaines émotions peuvent devenir "interdites", dans ce cas : la colère.
Notre éducation nous a peut être aussi entraîné à nier certaines émotions mais il est toujours temps de mettre le doigt dessus et de ne pas transmettre ce "truquage des émotions naturelles".
Je crois que les exemples de phrases entendues ou même prononcées peuvent être nombreux :
"Un garçon c'est fort ça pleure pas !" "Arrête ta comédie !" "Si tu continues tu vas pleurer pour quelque chose" "T'as pas honte d'avoir peur ?!" "Arrête de pleurer (ou de t'énerver) tu dois être fatigué"...
Ça vous parle ?
Moi ça me parle en tout cas ! J'essaye de plus en plus de dire à mes filles que si elles sont tristes elles peuvent pleurer, qu'elles ont le droit d'être fâchées... Elles expriment aussi de plus en plus régulièrement quand elles sont contentes d'ailleurs.

Je ne suis pas là pour vous faire la morale ou un cours sur les émotions (le sujet mérite plusieurs livres d'ailleurs !) mais j'avais envie de partager ça avec vous car clairement nous sommes de vieux enfants imprégnés par cette méconnaissance émotionnelle, mais si on pouvait au moins ne pas tout reproduire :-)

Alors et toi on t'a "interdit" maladroitement l'expression de certaines émotions ? La peur ? La colère ? La tristesse ?

Article similaire par ici : l'empathie


6 commentaires:

  1. Plaisir de te relire ! Il faut que tu regardes la vidéo conférence du Doc Gueguen ! ;)

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  2. Tellement vraie. Ton article amène à réfléchir !! Merci

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  3. Super intéressant ce sujet et vaste... Ça mérite d'être approfondi pour avoir quelques billes pour aider mon fils à gérer ses émotions, parce qu'en ce moment je suis en plein dedans... Merci pour ton billet

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    1. Finalement je trouve qu'en se documentant sur l'intelligence émotionnelle ça aide pas mal. La littérature destinée aux parents me plaît moins. Le livre que je cite coûte vraiment pas cher et permet de balayer pas mal le sujet. Moi ça m'a aidé pour moi, pour les filles et au niveau professionnel.

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